J’ai eu la chance que les étoiles s’alignent lorsque nous avons commencé notre partenariat avec l’échappée belle. J’entamais la réflexion de mon nouveau vélo autour de la longue distance, avec un cahier des charges très précis sur certains points, mais complètement ouvert sur d’autres (comme entre-autres, ma découverte du freinage à disque et du titane)
La fiche technique
Voici ce qui a motivé mon choix final et l’équipement :
- Du confort avant tout, mais un bon rendement ;
- Freinage à disque pour préserver les mains sur les longues journées et descentes
- Groupe mécanique pour disponibilité des pièces et facilité de dépannage
- Roues assez rapides mais à section large
J’ai choisi le cadre Routt RSL de la marque Moots.
Je ne sais pas ce que veut dire RSL, mais ca consiste en une fabrication basée sur un titane plus rigide et léger, résultant sur un cadre qui comparé au modèle de base, est 400g plus léger et plus sportif (comprendre réactif, rigide).
Au niveau des roues, ce sont les DT Swiss ERC 1100 Dicut qui ont un profil de 47mm et une largeur de jante de 27mm externe.
Le groupe est un Shimano Ultegra gamme 8000 câblé, avec cassette 11-34. Une exception a été faite au niveau du pédalier avec le tout nouveau Praxis Zayante carbon, en compact (50-34). Cela permet un ratio de 1:1 qui me permettra de passer partout. Le freinage lui est basé sur les Juintech F1 avec disques flottants zeno.
L’ensemble des périphériques sont de la marque Parlee pour la tige de selle, potence, cintre.
La fabrication du cadre était assez rapide car j’ai la chance de ne pas avoir un corps hors-normes. Je n’ai généralement pas besoin de sur-mesure et la géométrie du Routt semble tout à fait confortable quand je la compare à ce que je connais. J’ai choisi la taille en fonction de mon dernier bike-fitting. Ce sera donc une taille 52 ! J’ai quand même demandé l’ajout d’un troisième porte-bidon en dessous du cadre 🙂
Bien que Moots n’ai pas de différence entre sur-mesure et série dans leur flux de travail, ce qui accélère le travail c’est notamment qu’ils ont déjà leurs tubes prédécoupés et stockés en kits. La fabrication se fait entièrement à la main et en intégralité dans leurs locaux au sein d’un même bâtiment (le cadre ne voyage qu’une fois fini).
Au contact – Normandicat
Pour rappel par rapport à l’article qui décrit la planification de ma saison, j’ai donc enchainé plusieurs évènements avec une distance croissante.
J’ai fait mes premiers tours de pédale en Mars 2018, peu avant la normandicat qui était la première course de mon calendrier. Mon objectif était simplement de tester la robustesse du montage et de voir les sensations.
Nous avons roulé sur deux jours avec Fanny et François, ils ont senti à la fin du premier jour que les jambes me démangeaient et que j’appréciais déjà trop ce nouveau vélo ! j’ai roulé le deuxième jour à mon rythme. Le parcours était donc connu pour sa suisse normande, on comprend alors que bien-qu’il n’y ait pas de col à grimper, ce sera deux jours de manège permanent et de coups de culs à n’en plus finir. n’étant pas un parcours des plus roulants, c’est avant tout le confort du vélo que j’ai pu apprécier au cours de ces quelques 900km.
Je ne roulais pas spécialement vite, mais le cadre couplé aux roues chaussées en compass 32mm me donnait une super sensation de flotter sur la route, en avançant sereinement.
Je finis la course sur les chapeaux de roues et plein d’énergie, en réalisant que je finis troisième au classement 🙂 un début satisfaisant pour cette prise de contact !
Born to ride
C’est par la suite en préparant la Born to Ride que j’ai pu goûter aux plein potentiel du vélo.
Les sorties longues ont rapidement pris de la vitesse. les roues encaissent tout ce qu’on leur donne et me permettent de maintenir des bonnes vitesses. la révélation était lorsqu’un jour quelqu’un me lance alors qu’on roulait en groupe de tête : “à quoi ca sert de rouler à cette allure avec des vélos pareils” (nous étions déjà à au moins 35km/h). on s’est tous compris et notre petit groupe de 5 est descendu sur les prolongateurs. Me voilà à appuyer à plus de 50km/h tout en étant confortable. je me dis que je vais certainement éclater en vol si je maintiens ça. mais plus j’avance et plus je me sens stable. le cadre encaisse tout ce que je lui donne, son élasticité est très vive et mes appuis sont très bien retransmis aux roues.
Il y a comme une harmonie lorsque l’on engage la bonne cadence, le cadre est comme en phase avec les contraintes et reste très régulier. j’avance à grande vitesse, dans le plus grand des conforts. je n’ai pas besoin de me focaliser sur les aspérités de la route ou à me lever de la selle. il me suffit de rester bien assis et de tracer droit. le plaisir est similaire à chausser des gros skis pour une sortie en poudreuse (j’ai pas dit chevreuse) et tout s’enchaine beaucoup plus facilement.
J’arrive alors au départ de la BTR. je sais que mon vélo travaille bien à une vitesse élevée, on va voir si ca se comporte pareil en bikepacking et si les jambes suivront… Alors évidemment le départ fut canon. je crois que notre vitesse moyenne était de 36km/h au kilomètre 200 au premier checkpoint. Le parcours étant globalement plat et sans passage montagneux, je pense que c’est sur ce profil que le vélo a pu donner son meilleur. Encore une fois, c’était que du bonheur quand on parle de rouler. j’écrivais quand même que globalement, même si cette BTR fût pleine d’apprentissages et s’est bien déroulée, j’ai quand même été un peu frustré par mon rythme de roulage qui était un peu trop effréné et ponctué de trop nombreuses et longues pauses ! ca me fera une belle jambe pour aborder la TCR qui sera le point d’orgue de ma saison 🙂
Transcontinental Race
Et nous y voilà ! je n’ai pas encore écris à propos de la TCR et bien-sûr j’en parlerai bien plus longuement dans mon blog, mais quand on parle du velo, je pense enfin l’avoir dompté… avec comme seul objectif d’être finisher et de prendre un maximum de plaisir (avec si possible un chrono dans les 13 jours héhé), je prends un départ en toutes précautions et à l’écoute de mon corps car je ne sais pas du tout comment il réagira à une si longue distance. sur la TCR les ennemis sont les pauses, et la gravité. avec 45 000 mètres de D+, il faudra s’armer de patience sur des séances de grimpe interminables, des parcours gravel qui sont plutôt de l’ordre de la séance VTT et des chiens qui vous forcent à faire des prouesses de sprinteurs alors que vous êtes à peine lucide.
C’est en tout cas là que je verrai la vrai versatilité de mon compagnon de route en titane.
la TCR est un parcours exigeant qui est certes parfois très roulant (j’essayais de placer ces portions en fin de soirée pour rouler facilement et en toute sécurité), mais aussi très hasardeux sur certains pays lorsque je me retrouve contraint à quitter ma route pour emprunter des chemins gravel. C’est d’ailleurs lors de la TCR que m’est venue l’envie de pousser mon vélo sur du gravel car je me suis bien rendu compte du fun que proposent ces petits chemins. alors que je n’avais pas les roues pour, j’avais heureusement des pneus Compass Stampede pass en 32mm qui me permettaient vraiment de passer partout. on s’est même amusés lors du fameux checkpoint 4, avec Chas Christiansen et Nico à grimper le tout à la cool au coucher du soleil et arrivés à garder notre humour face à ces chemins entourés de champs de mines à deux pas de Sarajevo.
je passe tout un tas d’anecdotes de la course et sur une note technique, je vais parler de la différence par rapport aux événements précédents qui est la grimpe.
On m’a plusieurs fois demandé ce que donnent les roues dans les cols. soyons clair ce ne sont pas des roues faites pour gravir des sommets. elles restent très légères donc je ne me suis pas senti pénalisé, mais pas avantagé non plus. disons que vu le poids du vélo chargé et notre état de fatigue, l’inconvénient des roues à haut profil devient négligeable. Au final, je pense que j’ai pas mal bénéficié des roues sur la grande majorité du parcours.
La différence se retrouve également après l’effort
Pour moi, le point le plus important était le confort. et sur ce point je me suis rendu compte à quel point ma formule était gagnante. Car quand je vois l’état des autres finishers à peine capables de fermer leur mains, partiellement in-sensibilisés ou contraints d’arrêter à cause de douleurs à la selle, je me suis senti chanceux. je n’ai eu aucun mal à déplorer, à part forcément la selle qui par moment était inconfortable mais c’était grandement tolérable.
Après la TCR, j’ai été à même de reprendre le vélo très rapidement et sans douleur (juste une fatigue toujours présente deux semaines après) et je trouve ça précieux.
Maintenant je pars confiant sur la prochaine saison, sans changement prévu sur mon matériel, si ce n’est peut-être une paire de roues pour le gravel avec des gros pneus comme les steilacom de compass pour aller faire la Malteni Bootlegger!
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Yoann Saludes